Au Canada, selon les plus récentes données (2012), les maladies du cœur sont la deuxième cause de décès. Bien que les maladies cardiaques athérosclérotiques (MCAS) soient rarement observées chez les enfants et les adolescents, les facteurs de risque et les comportements accélérant leur développement sont déjà observables à cet âge.
Les évidences indiquent que la réduction des risques associés aux MCAS retarde la progression de celles-ci. Or, il a été établi que :
À cet égard, un panel d’experts du NHLBI a émis des lignes directrices sur la prévention des maladies cardiovasculaires (MCV) chez les jeunes basées sur les données probantes présentes dans la littérature. Pour les bâtir, le panel a pris en considération que la présence d’athérosclérose n’est pas aussi avancée chez les jeunes que chez les adultes, que la morbidité est moins présente et que le processus est davantage réversible. Ainsi, ces experts proposent de favoriser chez cette population une prévention primordiale (prévention du développement des facteurs de risques) ainsi qu’une prévention primaire (prévention des MCAS par la gestion efficace des facteurs de risque).
Leurs recommandations sont présentées par facteur de risque et tranche d’âge. Les facteurs de risque observés sont l’histoire familiale, l’âge, le sexe, la nutrition, l’activité physique, l’exposition au tabac, la tension artérielle, le profil lipidique, le surpoids, l’obésité, le diabète, les conditions prédisposantes, le syndrome métabolique, les marqueurs inflammatoires et les facteurs périnataux. Chacune des recommandations présentées est cotée selon son degré d’évidence. Ce degré d’évidence est défini par la qualité des études d’où elles sont tirées et par la qualité de la recommandation (Tableau 1). Pour certaines, le panel d’expert a également suggéré des actions complémentaires afin de soutenir leurs implantations. À partir de ces recommandations, un programme de santé cardiovasculaire intégré a été proposé (Tableau 2).
Tableau 1 : Système d’évaluation du degré d’évidence[1]
Qualité des études
Qualité de la recommandation
[1] Tableau tiré d’Expert Panel on Integrated Guidelines for Cardiovascular Health and Risk Reduction in Children and Adolescents : Summary Report (Traduction libre)
Tableau 2 : Programme de santé cardiovasculaire intégré[2]
[2] Tableau tiré d’Expert Panel on Integrated Guidelines for Cardiovascular Health and Risk Reduction in Children and Adolescents : Summary Report (traduction libre)
†À Noter que ces recommandations diffèrent de celles avancées par Santé Canada et par l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
Dans le but d’optimiser la prise en charge nutritionnelle de la clientèle à risque de MCAS, le NHLBI propose le régime Cardiovascular Health Integrated Lifestyle Diet (CHILD 1) qui rassemble les recommandations présentes dans la littérature selon le degré d’évidence et les classes par tranche d’âge (Tableau 3).
Cette institution recommande ce régime pour les enfants :
CHILD 1 représente aussi la première étape de changement nutritionnel à introduire chez les enfants ayant :
Par ailleurs, le NHBLI affirme qu’un plan alimentaire DASH adapté pour les enfants est adéquat pour prévenir des maladies cardiovasculaires tout en assurant l’apport en énergie et en nutriments nécessaire à une croissance et un développement optimaux.
De surcroît, il souligne également l’efficacité des consultations nutritionnelles pour l’adoption ainsi que le maintien d’habitudes alimentaires réduisant les risques de MCV et permettant des apports en nutriments adéquats pour l’enfant et la famille (Cote A).
Notons que les lignes directrices du NHLBI au sujet de l’allaitement sont conformes aux normes américaines. Elles diffèrent par contre des lignes canadiennes. En effet, comme l’OMS, Santé Canada soutient qu’il est préférable de poursuivre l’allaitement jusqu’à au moins 24 mois tout en l’accompagnant d’aliments complémentaires appropriés après les 6 premiers mois. De plus, contrairement à Santé Canada qui ne recommande la prise de supplément de vitamine D qu’aux nourrissons allaités de moins de 1 an, le panel d’experts appuie la recommandation de l’Americain Academy of Pediatric (AAP) de 2008 prônant la prise quotidienne de 400 UI de vitamine D chez tous les nourrissons et enfants.
Tableau 3 : Cardiovascular Health Integrated Lifestyle Diet (CHILD 1)[3]
[3] Tableau tiré d’Expert Panel on Integrated Guidelines for Cardiovascular Health and Risk Reduction in Children and Adolescents : Summary Report (Traduction libre)
La Société suisse de pédiatrie (SSP) propose des recommandations alimentaires visant à réduire le cholestérol chez les enfants similaires en plusieurs points à celles avancées par le NHLBI.
À l’instar de l’AAP, la SSP privilégie une stratégie de prévention en deux volets, soit générale et individuelle, dans le but de réduire le risque de développer de l’athérosclérose et MCV.
Les mesures de prévention générales s’adressent à l’ensemble de la population pédiatrique. Tout comme le NHLBI, la SSP réitère l’influence favorable de l’allaitement maternel marqué sur le taux de cholestérol des garçons. Elle recommande aussi une alimentation diversifiée et variée avec un apport en acide gras saturé représentant moins de 10% et en acide gras total de 30% des calories. Elle estime cependant préférable un apport alimentaire en cholestérol de 100mg/1000 Kcal plutôt qu’un apport quotidien de <300mg. La SSP précise toutefois que le pourcentage d’apport en MG nécessaire à la croissance et au développement normal d’un enfant n’a pas encore été déterminé avec exactitude. De plus, elle souligne l’effet dépresseur de l’acide linoléique et des phytostérols sur le taux de cholestérol. Le NHBLI spécifie que les phytostérols ne devraient être utilisés que chez les enfants dont le traitement nutritionnel n’est pas suffisant pour diminuer leur taux de LDL dans le but d’éviter la prise de médication potentielle.
Comme la SSP, le NHBLI reconnaît que l’adhésion au CHILD 1 ne sera pas toujours suffisante et propose un régime plus restrictif advenant la non-réponse au traitement. Dans un tel cas, les deux organismes recommandent de diminuer l’apport en lipide à 25-30%, en gras saturé à ≤7%, en mono-insaturés à environ 10% et en cholestérol à <200mg. En plus de ses restrictions additionnelles, le NHBLI suggère des actions complémentaires en fonction du type de dyslipidémie.
Tableau 4 : Recommandations supplémentaires du NHBLI pour la gestion de la dyslipidémie[4]
[4] Tableau adapté d’Expert Panel on Integrated Guidelines for Cardiovascular Health and Risk Reduction in Children and Adolescents : Summary Report (Traduction libre)
BÉE : Besoins énergétiques estimés C-non HDL : Cholestérol non HDL die : par jour ÉVA : Étendue des valeurs acceptables pour les macronutriments g : gramme j : jour h : heure HDL : Lipoprotéine de haute densité kcal : kilocalorie LDL : Lipoprotéine de faible densité MG : Matière grasse oz : onces TG : Triglycérides
1. NHLBI (2012) Expert Panel on Integrated Guidelines for Cardiovascular Health and Risk Reduction in Children and Adolescents: Summary Report (Publication n°12-7486A). Repéré à https://www.nhlbi.nih.gov/files/docs/peds_guidelines_sum.pdf
2. Santé Canada (2012) La vitamine D et le calcium : révision des apports nutritionnels de référence. Repéré à http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/nutrition/vitamin/vita-d-fra.php#a15
3. Santé Canada (2015) La nutrition du nourrisson né à terme et en santé : recommandations pour l’enfant âgé de 6 à 24 mois. Repéré à http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/nutrition/infant-nourisson/recom/recom-6-24-months-6-24-mois-fra.php#a10
4. Statistique Canada (2015) Feuillets d’information de la santé : les 10 principales causes de décès, 2012 (Publication n°82-625-X). Repéré à http://www.statcan.gc.ca/pub/82-625-x/2015001/article/14296-fra.htm
5. Paediatrica (2002) Formation continue : Le cholestéol en pédiatrie. (Vol.3 No.1). Repéré à http://www.swiss-paediatrics.org/sites/default/files/paediatrica/vol13/n1/pdf/14-18.pdf