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Comment traiter les hypoglycémies

28 mai 2018

Parmi les nombreux défis rencontrés par les diabétiques, l’hypoglycémie est une complication à ne pas prendre à la légère. En raison des nombreuses différences qui caractérisent chaque groupe d’âge, il va de soi que cette condition ne peut pas être adressée de la même façon lorsqu’elle se présente chez un enfant ou un adolescent que lorsqu’elle se présente chez un adulte. Par exemple, un enfant n’a pas le même gabarit qu’un adulte, ce qui influencera la quantité de glucose à lui administrer, et n’a également pas le même sens des responsabilités face à sa condition.

Ainsi, il est indispensable en tant que professionnels de la santé œuvrant auprès de jeunes patients d'être bien outillés afin de traiter l’hypoglycémie convenablement chez cette jeune clientèle. Un chapitre du compendium 2014 des lignes directrices cliniques de l’International Society for Pediatrics and Adolescents Diabetes (ISPAD)[1] aborde spécifiquement le sujet.

Définition

D’abord, il n’y a pas de consensus par rapport à la définition numérique de l’hypoglycémie chez les enfants diabétiques [1]. Toutefois, une glycémie…

  • ≤ 3,9 mmol/L (70 mg/dL) semble une limite raisonnable pour débuter un traitement contre l’hypoglycémie [1].
  •  < 3,6 mmol/L (65 mg/dL) semble acceptée la plupart du temps dans la littérature scientifique pour définir l’hypoglycémie [1].

Signes et symptômes

Les symptômes de l’hypoglycémie sont similaires chez les enfants que chez les adultes[1, 2]. En effet, ils sont souvent séparés en deux catégories, soient les symptômes adrénergiques (dus à la libération d’adrénaline en réponse à une baisse de la glycémie) ou les symptômes neuroglycopéniques (dus au manque de glucose au cerveau) [1, 2]. Parmi ces symptômes se retrouvent la faim, la fatigue, l’irritation et les tremblements. [1, 2].

Malgré cette ressemblance, il est important de noter quelques différences entre les enfants et les adultes par rapport aux symptômes de l’hypoglycémie. En voici deux exemples :

  1. Ces symptômes ont tendance à apparaitre plus tôt chez les enfants non-diabétiques que chez les adultes non-diabétiques [3], ce qui illustre la différence selon l’âge même dans l’absence du diabète.
  2. Les symptômes neuroglycopéniques sont plus communs que les symptômes adrénergiques chez les jeunes, et ce, particulièrement chez les jeunes enfants [4].

Sévérité de l’hypoglycémie

Les critères utilisés pour classer la sévérité de l’hypoglycémie chez l’enfant sont différents de ceux utilisés chez l’adulte. En effet, la capacité à se prendre en charge soi-même n’est pas un critère chez l’enfant/adolescent puisque dans bien des cas, celui-ci ne sera pas capable de le faire en raison de son âge [1].

Tableau 1. Sévérité de l’hypoglycémie en fonction de la période de la vie

Sévérité de l’hypoglycémie

Critères chez l’enfant/adolescent

Légère/Modérée

  • Glycémie ≤ 3,9 mmol/L (70 mg/dL).
  • Peut être symptomatique ou asymptomatique.

Sévère

  • Événement associé à une neuroglycopénie sévère résultant souvent par un coma ou une crise et demandant un traitement par voie parentérale [5].

Le traitement de l’hypoglycémie chez l’enfant

Voici un schéma résumant le traitement de l’hypoglycémie chez la jeune clientèle selon les constats du chapitre à la base de ce document [1].

Schéma 1. Le traitement de l’hypoglycémie chez les enfants et les adolescents atteints de diabète (adapté des constats de Ly et al.)

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*Cette quantité peut varier selon plusieurs facteurs, tels que le gabarit de l'enfant, le type de traitement à l'insuline qu'il reçoit, le moment et la durée d'exercice effectuée au préalable, etc. [6, 7].

Glucides simples vs glucides complexes

Dans le traitement de l’hypoglycémie, il est parfois question de fournir des glucides simples à l’enfant, parfois des glucides complexes. Que représentent ces glucides exactement?

  • Glucides simples : Glucides composés d’une seule molécule : glucose, galactose ou fructose.
    • Exemples de sources de glucides simples : Sucre raffiné (ex : sucre blanc), jus de fruits, fruits.
  • Glucides complexes : Glucides composés de deux ou plusieurs molécules de glucides simples. Par exemple, le lactose est un glucide complexe formé de deux molécules : galactose + glucose. En outre, les fibres sont des glucides tellement complexes qu’elles ne sont pas digérées par l’organisme et n’ont donc pas d’effet sur la glycémie.
    • Exemples de sources de glucides complexes : pains, pomme de terre, pâtes, céréales, lait, fruits.

Ceci étant dit, les autres nutriments contenus dans les aliments affectent aussi la façon dont le glucose sera absorbé dans le sang. À titre d’exemple, un fruit entier (source de glucides simples et de glucides complexes) n’aura pas un effet aussi immédiat sur la glycémie que des tablettes de glucose ou le jus de fruits, car les fibres contenues dans le fruit entier ralentissent l’absorption du glucose dans le sang.

Les choix suivants représentent donc des bons choix pour augmenter rapidement la glycémie dans le traitement de l’hypoglycémie, puisqu’ils sont presqu’entièrement composés de sucre :

  • Tablettes de glucose (Gluco5g, Dex4)
  • Boissons aux fruits
  • Boisson gazeuse régulière
  • Sucre sous différentes formes : sucre blanc dissous dans l’eau, miel, sirop d’érable.

*Attention : Les boissons gazeuses diètes ne sont pas des bons choix puisqu’elles sont sucrées avec des édulcorants de synthèse (faux sucre) et n’ont donc aucun impact sur la glycémie.

En conclusion

Dans le traitement de l’hypoglycémie chez l’enfant et l’adolescent, il est impératif de prendre en compte leurs spécificités afin de mieux répondre à leurs besoins. En cas d’hypoglycémie légère/modérée, un apport en glucose est souvent suffisant pour ramener la glycémie à la normale. Toutefois, en cas d’hypoglycémie sévère, une intervention urgente est nécessaire et implique des méthodes plus invasives telles que l’injection de glucagon intramusculaire ou de glucose intraveineux.

Article rédigé par Amélie Loiselle, étudiante au B.Sc. en Nutrition de l’Université de Montréal, en collaboration avec l’équipe CIRCUIT.

Références :

  1. Ly, T.T., et al., Assessment and management of hypoglycemia in children and adolescents with diabetes. Pediatr Diabetes, 2014. 15(Suppl 20): p. 180-192.
  2. Diabète Québec. L'hypoglycémie chez la personne diabétique. 2014; Available from: http://www.diabete.qc.ca/fr/vivre-avec-le-diabete/soins-et-traitements/hypoglycemie-et-hyperglycemie/lhypoglycemie-chez-la-personne-diabetique.
  3. Jones, T.W., et al., Independent effects of youth and poor diabetes control on responses to hypoglycemia in children. Diabetes, 1991. 40(3): p. 358-363.
  4. Tupola, S. and J. Rajantie, Documented symptomatic hypoglycaemia in children and adolescents using multiple daily insulin injection therapy. Diabetic medicine, 1998. 15(6): p. 492-496.
  5. Clarke, W., et al., Assessment and management of hypoglycemia in children and adolescents with diabetes. Pediatric Diabetes, 2009. 10(s12): p. 134-145.
  6. Brodows, R.G., C. Williams, and J.M. Amatruda, Treatment of insulin reactions in diabetics. JAMA, 1984. 252(24): p. 3378-3381.
  7. American Diabetes Association, Prevention of hypoglycemia during exercise in children with type 1 diabetes by suspending basal insulin. Diabetes Care, 2006. 29(10): p. 2200-2204.
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Article écrit par Rédacteur invité Catégories présentes: adolescent| diabète| enfant| hypoglycémie| professionnels