Les facteurs contribuant au développement de l’obésité sont nombreux dans la société actuelle et le stress vécu par les adolescents pourrait être l’un d’entre eux. Une revue de littérature publiée en 2014 (1) s’est intéressée à l’impact du stress sur les habitudes alimentaires des adolescents.
Cette revue rassemble des études quantitatives et qualitatives de 1989 à 2013 et suggère que les adolescents stressés seraient plus à risque de devenir obèses. En effet, le stress vécu de façon chronique engendre la sécrétion de cortisol et un taux élevé de cette hormone en circulation est associé à une augmentation de l’appétit. (2) Le stress augmente également la sécrétion de d’autres hormones ayant des effets orexigènes telles que l’adrénocorticotrophine (ACTH), le neuropeptide Y et le cortisol inhibe l’effet anorexigène de la leptine. (3)
De plus, certaines études ont démontré que le stress occasionnerait un changement au niveau des habitudes alimentaires des adolescents. Le niveau de stress perçu par les adolescents serait relié à des choix d’aliments moins nutritifs et de hautes densités énergétiques, tels qu’illustré dans le tableau suivant :
Tableau I : Niveau de stress et choix alimentaires1
Auteurs de l’étude (année)
Niveaux de stress étudiés
Choix alimentaires observés
Jaarsveld et collaborateurs (2009)
Modéré à sévère
↑ Sucreries
↑ Aliments riches en gras
Cartwright et collaborateurs (2003)
Sévère
↑ Collations
↓ Fruits et légumes
Oliver et collaborateurs (2000)
Non rapporté
1 Adaptation et traduction libre du tableau Stress severity and more food consumption tiré de la revue de littérature Contributing factors of obesity among stressed adolescents
L’étude de Jaarsveld (4) regroupait 4065 adolescents âgés entre 11 et 16 ans. Elle a permis d'observer une association entre le stress, l’indice de masse corporelle et le tour de taille. Les adolescents vivant un stress de modéré à sévère avaient un indice de masse corporelle et un tour de taille significativement plus élevés (P < 0,05) et consommaient davantage d’aliments riches en gras et en sucre en comparaison aux adolescents vivant un stress léger.
Les habitudes alimentaires de 4320 adolescents (âge moyen de 11,83 ans) ont été observés dans le cadre de l’étude de Cartwright (5). Celle-ci a démontré que les étudiants stressés consommaient davantage d’aliments gras et de collations tout en ayant une faible consommation de fruits et de légumes en comparaison aux étudiants non-stressés.
Enfin, l’étude d’Oliver (6) menée auprès de 212 adolescents a révélé que le stress affectait les habitudes alimentaires et la santé des participants puisqu’il y avait une augmentation de consommation de sucreries et d’aliments riches en gras. De plus, les participants consommaient davantage de collations (t= 2,66 ; P < 0,05) que les adolescents non-stressés.
Selon vous, quelles seraient des stratégies efficaces pour aider les adolescents à diminuer leur niveau de stress ? Comment peut-on les amener à gérer leurs émotions négatives autrement qu’avec les aliments?
Voici quelques pistes de réflexion que vous pourrez aborder avec les adolescents et/ou leurs parents dans le cadre de votre pratique pour les aider à faire face aux événements stressants :
1. Tajik E, Zulkefli NA, Baharom A, Minhat HS, Latiff LA. Contributing factors of obesity among stressed adolescents. Electron Physician. 2014;6(1):771-8.
2. Epel E, Lapidus R, McEwen B, Brownell K. Stress may add bite to appetite in women: a laboratory study of stress-induced cortisol and eating behavior. Psychoneuroendocrinology. 2001;26(1):37-49.
3. Cavagnini F, Croci M, Putignano P, Petroni ML, Invitti C. Glucocorticoids and neuroendocrine function. Int J Obes. 2000;24:S77-S9.
4. Van Jaarsveld CH, Fidler JA, Steptoe A, Boniface D, Wardle J. Perceived stress and weight gain in adolescence: a longitudinal analysis. Obesity (Silver Spring). 2009;17(12):2155-61.
5. Cartwright M, Wardle J, Steggles N, Simon AE, Croker H, Jarvis MJ. Stress and dietary practices in adolescents. Health Psychol. 2003;22(4):362-9.
6. Oliver G, Wardle J, Gibson EL. Stress and Food Choice: A Laboratory Study. Am Psychol. 2000;62(6).