Le diabète de type 2 se caractérise par une résistance à l’insuline ou une diminution de la sécrétion pancréatique de cette hormone anabolisante, causant une hyperglycémie (un taux de sucre sanguin plus élevé que les valeurs normales). Généralement associée à une population adulte, sa prévalence est en augmentation chez les enfants et les adolescents. Selon une étude nationale publiée en 2010, au moins 1,54 Canadiens âgés de moins de 18 ans sur 100 000 étaient atteints de diabète de type 2. Au Québec, l’incidence était estimée à 0,55 jeunes sur 100 000. Face à cette réalité, il est important de s’outiller afin d’être en mesure de bien intervenir chez cette population.
Plusieurs facteurs de risque modifiables et non-modifiables sont associés à ce problème de santé, dont les antécédents familiaux de diabète de type 2, l’exposition au diabète in utero, l’intolérance au glucose, l’hypertension artérielle, la dyslipidémie et l’origine ethnique. Au Canada, les populations autochtones, hispaniques, d’Asie du Sud, asiatiques et africaines sont plus à risque. L’obésité représente toutefois le facteur prédisposant modifiable le plus présent lors du diagnostic. Selon l’Enquête canadienne des mesures de santé de 2009 à 2011, 11,7% des jeunes Canadiens âgés entre 7 et 17 ans avaient un IMC pour l’âge au-dessus du 97e percentile, soit 2 écarts-types supérieur à la médiane de croissance de référence de l’OMS.
Plusieurs complications sont généralement associées à cette pathologie. Notons tout d’abord l’acidocétose diabétique causée par l’accumulation de corps cétoniques, puis le syndrome d’hyperglycémie hyperosmolaire. Il a aussi été démontré que les risques de maladies coronariennes sont 2 à 3 fois plus élevés chez les diabétiques. À long terme, des complications microvasculaires peuvent apparaître, telles que la rétinopathie, la neuropathie et la néphropathie. Ces conséquences sont d’autant plus graves et précoces lorsqu’un diagnostic a été posé à l’adolescence. Il est donc primordial de prévenir l’apparition du diabète ou d’être en mesure de bien le contrôler lorsque diagnostiqué. Considérant que, dans un texte paru en 2000, l’American Diabetes Association rapportait que 85% des jeunes souffraient d’embonpoint ou d’obésité lors du diagnostic de diabète de type 2, il est important d’agir en prévention sur ce facteur de risque. Vous pouvez vous référer à l’article suivant afin d’en apprendre davantage sur l’intervention auprès de jeunes en surpoids ou obèses.
Les jeunes atteints de diabète de type 2 devraient être pris en charge par une équipe multidisciplinaire. Le but du traitement est d’atteindre une valeur glycémique dans les normes et une hémoglobine glyquée (HbA1c) de 7,0%. Initialement, l’alimentation et l’activité physique devraient être au cœur de l’intervention, accompagnées au besoin par un traitement pharmacologique. Puisqu’il s’agit d’une population pédiatrique, il est primordial d’inclure toute la famille dans le changement des habitudes de vie qui sont souvent établies depuis longtemps. Ainsi, il est recommandé que le traitement soit individualisé afin que les changements apportés s’inscrivent bien dans la routine. En ce qui concerne l’activité physique, les recommandations habituelles pour les enfants s’appliquent aussi à cette population, soit un minimum d’une heure d’activité d’intensité modérée à intense par jour, tout en limitant les activités sédentaires à moins de 2 heures. Un kinésiooogue est une ressource pertinente pour aider le jeune et sa faille à atteindre cet objectif. Un kinésiologue est une ressource pertinente pour aider le jeune et sa famille à atteindre cet objectif
Au niveau de l’alimentation, une meilleure adhérence à la diète prescrite et aux changements alimentaires effectués a été rapportée lorsque les patients avaient des suivis réguliers avec une nutritionniste. Généralement, le régime recommandé devrait avoir comme objectifs de fournir un apport suffisant en glucides, d’assurer la croissance optimale du jeune et d’être adapté à la situation socio-culturelle et économique familiale. Ainsi, Diabète Canada (anciennement l’Association canadienne du diabète) rapporte qu’un régime tel que celui décrit dans le Guide alimentaire canadien satisfait aux besoins nutritionnels des jeunes diabétiques. En mettant de l’avant la consommation d’une variété d’aliments appartenant aux différents groupes alimentaires (les légumes et les fruits; les produits céréaliers; les produits laitiers et les viandes et substituts), puis en favorisant des produits à grains entiers et faibles en matières grasses, les besoins en nutriments peuvent être rencontrés. Bien que le Guide alimentaire canadien serve de base aux recommandations nutritionnelles initiales, il est important que la nutritionniste le personnalise selon les caractéristiques de chacun : goûts et aversions, capacités de préparation de repas, valeurs, statut économique, capacité à effectuer des changements… La modification des habitudes doit se faire graduellement afin d’être bien imprégnée dans la routine.
Lors de l’évaluation nutritionnelle et de l’enseignement, certaines particularités relatives aux nutriments doivent être prises en compte chez la population diabétique.
L’apport glucidique doit être minimalement de 130 g par jour afin de couvrir les besoins du cerveau. Ce macronutriment devrait représenter environ 45% de l’apport énergétique quotidien total, mais peut aller jusqu’à 60% si les sources de glucides consommées sont riches en fibres et de faible indice glycémique. Tel que décrit par Diabète Québec, l’indice glycémique est une mesure de la « rapidité avec laquelle les glucides d’un aliment sont digérés, convertis et retrouvés sous forme de glucose dans le sang ». Ainsi, plus l’index glycémique d’un aliment est élevé, plus celui-ci fera augmenter rapidement la glycémie. De leur côté, les fibres, plus particulièrement les fibres solubles, ont un impact positif sur la glycémie postprandiale, car elles permettent un ralentissement de la vidange gastrique et retardent l’absorption du glucose. Il est normalement recommandé que les apports en fibres soient de 15 à 25 g par 1000 Calories par jour. Elles sont généralement retrouvées dans les produits céréaliers à grains entiers; les légumineuses (haricots, pois et lentilles); les noix et graines; et les légumes et fruits.
L’apport en sucres simples sous forme de saccharose ne devrait pas dépasser 10% de l’apport énergétique quotidien total afin d’éviter les effets indésirables possibles sur la glycémie. Il a aussi été rapporté qu’une consommation de sucrose au-delà des recommandations pouvait augmenter le taux de triglycérides chez certains patients. Il n’a pas été démontré que le fructose naturellement présent dans les fruits cause des effets indésirables chez les diabétiques. Toutefois, une quantité consommée dépassant 60g/jour, peut entrainer une hausse du taux de triglycérides sérique chez les diabétiques de type 2.
Certains régimes modifiés en glucides ont été étudiés. Le comité d’experts des Lignes directrices de pratique clinique de l’Association canadienne du diabète en a fait une revue intéressante. Le tableau 1 présente donc un résumé des résultats dégagés par ce comité.
Diète prescrite
Résultats présentés
Haute teneur en glucides
(Aliments de faible indice glycémique)
(Riche en fibres alimentaires)
Faible teneur en glucides
Diabète Québec. (2014) Indice glycémique. Repéré à : http://www.diabete.qc.ca/fr/vivre-avec-le-diabete/alimentation/alimentation-et-nutriments/lindice-glycemique
Il est normalement conseillé d’avoir un apport lipidique représentant 20 à 35% de l’apport énergétique quotidien. Il en est tout de même pour les diabétiques. Toutefois, puisque le diabète de type 2 met davantage à risque les patients de souffrir de coronaropathie, une attention particulière devrait être portée à la consommation de gras saturés. Il est donc recommandé que ce type de matière grasse ne représente pas plus que 7% de l’apport énergétique quotidien. Les gras trans présents dans plusieurs aliments transformés devraient être totalement évités. D’un autre côté, il est pertinent de favoriser les aliments riches en acides gras monoinsaturés et polyinsaturés. Les omégas-3 ont particulièrement fait leur preuve quant à leur effet protecteur pour le cœur. Les poissons gras (maquereau, hareng, saumon, truite, sardine…) ou l’huile de poisson contenant l’acide eicosapentanoïque (AEP) et l’acide docosahexaénoïque (ADH), soit 2 types d’oméga-3, devraient être consommés au moins 2 fois par semaine. En effet, il a été démontré que l’AEP et l’ADH réduisent les taux de triglycérides et de cholestérol sanguins, modifient l’agrégation plaquettaire et diminuent les risques de mort reliée à un problème cardiovasculaire chez les diabétiques. Il est important de noter que des suppléments d’oméga-3 existent. Cependant, leurs effets bénéfiques sur la santé cardiovasculaire est encore à étudier chez les gens atteints de diabète.
Les recommandations concernant les apports en protéines chez les diabétiques sont les mêmes que celles pour la population générale, soit de 15 à 20% de l’apport énergétique quotidien total. Si le jeune développe des problèmes rénaux (néphropathie), il est alors essentiel que les apports ne soient pas supérieurs à 0,8 g/kg de poids corporel.
Ainsi, il est important que la nutritionniste base son intervention sur les recommandations présentées précédemment, sans toutefois oublier de bien les adapter à la situation socio-économique du jeune patient. L’implication de la famille est primordiale afin de pouvoir établir des changements d’habitudes de vie durables. Notons que l’âge médian de diagnostic du diabète de type 2 est de 13,7 ans au Canada. La majorité des jeunes vivant avec la maladie sont donc dans une phase de changements significatifs. Il s’agit notamment d’une période où l’acceptation par les pairs est très importante et où le fait d’être différent peut être moins bien accepté chez certains. En plus de ces derniers facteurs, la faible prise de conscience des effets à long terme du diabète peut nuire à l’adhérence au traitement.
1. Amed S., Dean H.J., Panagiotopoulos C., et al. Type 2 diabetes, medication-induced diabetes, and monogenic diabetes in Canadian children: a prospective national surveillance study. Diabetes Care 2010; 33:786-91
2. Comité d’experts des Lignes directrices de pratique clinique de l’Association canadienne du diabète. Lignes directrices de pratique clinique 2013 de l’Association canadienne du diabète pour la prévention et le traitement du diabète au Canada. Can J Diabetes. 2013;37(suppl 5):S361-S598.
3. Organisation mondiale de la Santé. (2016) Obésité et surpoids. Repéré à: http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs311/fr/
4. St-Onge E., Miller S., Motycka C., DeBerry A. A Review of the Treatment of Type 2 Diabetes in Children. J Pediatr Pharmacol Ther 2015; 20(1):4-16.
5. Pulgaron E., Delamater A., Obesity and Type 2 Diabetes in Children : Epidemiology and Treatment. Curr Diab Rep. 2014; 14(8):508.
6. Diabète Québec. (2014) Indice glycémique. Repéré à : http://www.diabete.qc.ca/fr/vivre-avec-le-diabete/alimentation/alimentation-et-nutriments/lindice-glycemique