Article

Les jeunes en surpoids devraient-ils manger entre les repas?

17 février 2017

teencooking.png

Les collations, soit la consommation d’aliments et de boissons entre les repas, ont une place importante dans l’alimentation des jeunes de tous âges. Une préoccupation pour certains jeunes en surpoids et pour leurs parents est de savoir si les collations sont à éviter dans leurs cas. Cet article a donc pour but de répondre à cette question et de démontrer l’importance des collations chez tous les jeunes, sans égard à leur poids.

L’importance des collations

En plus des repas, il est important d’offrir des collations à haute valeur nutritive aux jeunes, peu importe leur poids, car elles permettent de combler leurs besoins nutritionnels et leur appétit. Les collations permettent également d’éviter les pannes d’énergie parfois ressenties entre les repas. De plus, elles aideraient non seulement à calmer l’appétit entre les repas, mais aussi à mieux gérer la faim lors de ceux-ci (Bellisle, 2014). Plus particulièrement, le jeune sera moins affamé au moment du repas, l’amenant à manger plus lentement et à mieux écouter ses signaux de faim et de satiété (Njike et al., 2016). Celui-ci sera alors moins susceptible de manger au-delà de sa faim et de consommer un excès calorique.

Ce dernier point est particulièrement intéressant dans un contexte d’obésité pédiatrique, considérant que les études démontrent que les jeunes en surpoids sont moins sensibles à leurs signaux de satiété et mangent beaucoup plus rapidement que les jeunes affichant un poids santé (Boutelle et al., 2014 ; Croker, Cooke et Wardle, 2011 ; Webber, Hill, Saxton, Van Jaarsveld et Wardle, 2009). Ainsi, la prise de collations nutritives peut être l’un des moyens utilisés pour aider les jeunes en surpoids à mieux reconnaître leurs signaux de satiété lors des repas.

Il est aussi important de considérer que les jeunes sont en croissance et qu’ils ont des besoins nutritionnels importants. Pour éviter de compromettre leur développement, il est déconseillé de leur imposer des restrictions alimentaires en raison de leurs surplus de poids. En effet, il est plutôt préférable de stabiliser leur poids en les exposant à de saines habitudes de vie, dont la consommation quotidienne d’au moins 5 portions de fruits et légumes, la pratique régulière d’activité physique ou encore la prise de collation en fonction de l’appétit (Barlow, 2007 ; Njike et al., 2016).

Les collations nutritives

Les collations devraient contribuer avantageusement aux apports d’énergie quotidiens d’un jeune et exposer celui-ci à des aliments riches en nutriments. Idéalement, une collation nutritive devrait contenir deux groupes du Guide alimentaire canadien. Plusieurs études ont aussi démontré que des collations riches en fibres ou en grains entiers et en protéines augmentent le sentiment de satiété entre les repas (Njike et al., 2016). Par exemple, la prise d’une collation riche en protéines et en fibres aurait le potentiel de réduire le nombre de calories consommées au prochain repas, effet qui n’est pas observé avec une collation riche en matières grasses et en sucre (Njike et al., 2016). Il est aussi important d’offrir une structure de repas aux jeunes, ce qui permet une saine répartition de l’énergie au cours de la journée.

Ce que disent les études sur le sujet

Les résultats des études qui se sont penchées sur le lien entre l’obésité et la prise de collation sont contradictoires en raison des nombreuses difficultés rencontrées au niveau de la méthodologie (différence au niveau de la taille des portions, aucune considération pour la qualité de l’alimentation ou l’effet satiétogène de la collation, aucun consensus sur la définition d’une collation, etc.) (Bellisle, 2014 ; Njike et al., 2016). Néanmoins, une revue de littérature conclut que les collations nutritives augmentent la satiété et favorisent un meilleur contrôle de l’appétit, ce qui pourrait être un moyen efficace pour lutter contre l’obésité (Njike et al., 2016).

En fait, une habitude problématique au niveau des collations est le fait de manger entre les repas des aliments à haute densité énergétique sans avoir faim et dans un contexte où moins d’importance est accordée au geste de manger, par exemple en regardant la télévision (Bellisle, 2014). C’est ce type de collation et de comportement qui semble surtout contribuer à la prise de poids (Bellisle, 2014). Il est donc important d’offrir aux jeunes une collation à haute valeur nutritive dans un environnement sans distraction, tout en restant vigilant sur la grosseur de la portion offerte.

De plus, le nombre de collations consommées dans une journée est un facteur important à considérer. En fait, pour favoriser une saine gestion du poids, la recommandation de la American Dietetic Association est de consommer 4 à 5 repas par jour, ce qui inclut les collations (Seagle, Strain, Makris et Reeves, 2009). Dans les faits, la fréquence moyenne des collations chez les jeunes serait à la hausse, soit trois collations par jour en plus des principaux repas (Bellisle, 2014). Les chiffres sont semblables au Québec, où les enfants et adolescents prendraient entre trois et quatre collations au cours d’une journée (Institut de la statistique du Québec, 2010).

Conclusion

Tout bien considéré, les collations sont importantes dans l’alimentation des jeunes, tous poids confondus. Ce n’est donc pas le fait de manger entre les repas qui est problématique, mais bien le type d’aliments consommés et le contexte dans lequel la collation est prise. Ainsi, dans un but de saine gestion de poids, la collation est loin d’être un mauvais choix, mais il faut savoir la choisir judicieusement.

Références

Bellisle, F. (2014). Meals and snacking, diet quality and energy balance. Physiology & Behavior, 134, 38-43.

Boutelle, K. N., Peterson, C. B., Crosby, R. D., Rydell, S. A., Zucker, N., & Harnack, L. (2014). Overeating phenotypes in overweight and obese children. Appetite76, 95-100.

Barlow, S.E. (2007). Expert committee recommendations regarding the prevention, assessment, and treatment of child and adolescent overweight and obesity: summary report. Pediatrics, 120, S164-S192.

Croker, H., Cooke, L., & Wardle, J. (2011). Appetitive behaviours of children attending obesity treatment. Appetite57(2), 525-529.

Institut de la statistique du Québec. (2010). Les jeunes québécois à table : regard sur les repas et collations. Repéré à http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/sante/enfants-ados/alimentation/jeunes-repas-collations.pdf. 

Njike, V. Y., Smith, T. M., Shuval, O., Shuval, K., Edshteyn, I., Kalantari, V., & Yaroch, A. L. (2016). Snack Food, Satiety, and Weight. Advances in Nutrition: An International Review Journal, 7(5), 866-878.

Seagle, H. M., Strain, G. W., Makris, A., & Reeves, R. S. (2009). Position of the American Dietetic Association: weight management. Journal of the American Dietetic Association, 109(2), 330-346.

Webber, L., Hill, C., Saxton, J., Van Jaarsveld, C. H. M., & Wardle, J. (2009). Eating behaviour and weight in children. International Journal of Obesity33(1), 21-28.

Article rédigé par Caroline Drisdelle, étudiante au B.Sc. en Nutrition de l’Université de Montréal, en collaboration avec l’équipe CIRCUIT.

Partager
Article écrit par Rédacteur invité Catégories présentes: nutrition| obésité| professionnels