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Perdre du poids : nutrition ou exercice?

1 février 2017

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Jeunes comme plus âgés, la perte de poids est au centre des préoccupations de plusieurs individus. Pour y arriver, il est possible de regrouper les différentes options en trois grandes familles de solutions, soit de diminuer l’ingestion calorique, d’augmenter la dépense énergétique ou une combinaison des deux, soit de manger moins/mieux et de bouger plus. Logiquement, il existe une troisième famille caractérisée par la combinaison de la diminution de l’ingestion calorique et de l’augmentation de la dépense énergétique. En 2016Weiss et ses associés se sont questionnés à savoir quels étaient les avantages de chacune de ces trois options sur la perte de poids.

Au cours de l’étude, les 69 hommes et femmes post-ménopausées, non-fumeurs, en surplus de poids (IMC = entre 25.0 et 29.9) et âgés entre 45 et 65 ans devaient perdre ≈7% de leur poids corporel, induite soit par restriction alimentaire (groupe CR), soit grâce à des entraînements en endurance (groupe EX) ou soit par une combinaison entre restriction alimentaire et entrainements en endurance (groupe CREX) La masse maigre, la force musculaire, les qualités osseuses et la capacité aérobie ont également été évaluées.

Les principaux résultats de cette intervention ont pu montrer qu’une perte de poids (-15% de la masse grasse) seulement causée par une restriction calorique (groupe CR) diminuerait la masse maigre globale et au niveau des membres inférieurs de 4%, suggérant une atrophie musculaire. La capacité aérobie absolue serait également réduite de 6%, suggérant un mécanisme catabolique au niveau du système cardiovasculaire. Cependant, chez le groupe EX et CREX, ces effets négatifs seraient annulés. La masse musculaire est conservée et la capacité aérobie se serait même améliorée de 15% du VO2max pour le groupe EX.

Le fait d’augmenter son niveau d’activité physique lors d’un plan de perte de poids permettrait donc de préserver ou d’augmenter sa masse maigre, ainsi que sa capacité aérobie absolue. Ces effets pourraient évidemment se traduire par une amélioration globale des fonctions physiques, ce qui est très important pour une population sédentaire et en surplus de poids. De plus, le fait de préserver la masse maigre lors d’une perte de poids permettrait aussi de conserver une même efficacité au niveau du métabolisme de repos et, par le fait même, de diminuer les risques de reprise du poids perdu.

Évidemment, certains éléments nécessiteront davantage d’investigations. À titre d’exemple, deux méta-analyses menées par Zibellini ont observées une perte de densité osseuse au niveau des hanches et une diminution de la force musculaire des membres inférieurs et de la préhension suite à une perte de poids engendrée par diète seule chez des patients adultes et obèses. Cet effet n’a pas été observé par Weiss, possiblement dû à la courte durée de l’étude en comparaison à celles évaluées par Zibellini.

En terminant, il pourrait être intéressant de vérifier ces conclusions pour une population plus jeune, composée d’enfants et d’adolescents en embonpoint ou obèses, puisque peu d’études ont tenté de vérifier ces paramètres pour ce type de population. En effet, une méta-analyse réalisée en 2013 par Mandy Ho et ses collègues a comparé les effets d’une perte de poids liée à une restriction alimentaire à une perte de poids liée à une restriction alimentaire et à des exercices. Les conclusions de cette étude suggèrent que la perte de poids liée à une combinaison entre restriction alimentaire et exercices permettraient d’améliorer le profil métabolique de certains marqueurs (niveau des lipoprotéines HDL), sans toutefois être en mesure de démontrer que la composition corporelle ou le VO2max était davantage améliorés qu’avec une simple restriction calorique. Ainsi, il pourrait être intéressant de réaliser une étude selon le protocole de Weiss auprès d’une population d’enfants et d’adolescents pour déterminer si les conclusions seraient semblables à celles pour une population adulte. Plusieurs auteurs discutent de l’hypothèse selon laquelle une perte de poids liés à l’exercice aurait plus de chance d’être maintenue grâce au développement de bonnes habitudes liées à la pratique d’activités physiques régulières. Le fait d’obtenir des évidences comme quoi une perte de poids liée à l’exercice aurait un effet protecteur vis-à-vis différents marqueurs, et viendrait solidifier l’argument selon lequel un plan de gestion du poids devrait toujours être associé à une composante d’activités physiques.

Article rédigé par Simon Perron, étudiant à la maîtrise en kinésiologie de l'Université de Montréal

Références :

  • WEISS, E.P. & al. (2016). Effects of Weight Loss on Lean Mass, Strength, Bone, and Aerobic Capacity. Medicine & Science in Sports & Exercise, Publish Ahead of Print, 43 p.
  • ZIBELLINI, J. & al. (2015). Does Diet-Induced Weight Loss Lead to Bone Loss in Overweight or Obese Adults? A Systematic Review and Meta-Analysis of Clinical Trials. Journal of Bone and Mineral Research, 30(12), p. 2168-2178.
  • ZIBELLINI, J. & al. (2016). Effect of diet-induced weight loss on muscle strength in adults with overweight or obesity – a systematic review and meta-analysis of clinical trials. Obesity Reviews, 17, p. 647-663.
  • HO, M. & al. (2013). Impact of Dietary and Exercise Interventions on Weight Change and Metabolic Outcomes in Obese Children and Adolescents - A Systematic Review and Meta-analysis of Randomized Trials. JAMA Pediatr., 167(8), p. 759-768.      
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