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La pleine conscience et l'obésité

28 novembre 2016

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Depuis les 30 dernières années, en Amérique, la prévalence du surpoids et de l’obésité ne cesse d’augmenter. En 2014, Statistiques Canada rapportait que 20% de la population adulte canadienne était classée dans la catégorie obèse (IMC≥30). Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que l’Amérique du Nord n’est pas la seule région du globe à être touchée par cette affectation grandissante. Il y a de cela quelques années, l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que l’obésité avait atteint le seuil mondial de l’épidémie.

Cette maladie est donc devenue un problème universel majeur ayant des conséquences économiques importantes. Effectivement, une personne souffrant d’embonpoint ou d’obésité augmente considérablement son risque de développer des problèmes de santé tels que le diabète, les maladies cardiovasculaires, les maladies hépatiques (allant jusqu’à la cirrhose), les cancers (sein, ovaire, œsophage, etc.), les désordres gynécologiques et bien d’autres. Ainsi, comparativement à une personne ayant un poids santé, celle ayant un IMC supérieur à 30 consultera beaucoup plus souvent les services et les soins de santé au cours de sa vie.

Ces constatations déstabilisantes portent à réfléchir. Qu’est ce qui cause cette augmentation substantielle du tour de taille moyen des populations et que peut-on faire pour freiner cette pandémie?

L’explication est complexe et multifactorielle : bien entendu, la génétique a son rôle dans l’équation. Toutefois, les études attribuent une grande part de cette hausse à une balance énergique augmentée, signifiant que l’apport calorique dépasse les dépenses énergétiques.

Cette balance énergétique positive est due, entre autres, à un environnement toxique qui nous incite sans cesse à consommer de la nourriture. Assaillis constamment par des publicités qui veulent nous faire essayer la toute nouvelle boisson gazeuse, le nouveau burger, les nouvelles croustilles… Bref, tout pour nous amener à ingérer des calories de manière excessive et non guidée par notre appétit. Dans ce contexte, il devient pratiquement impossible de reconnaître nos véritables signaux de faim.

Comment faire la différence entre nos signaux internes et tout ce bruit de fond?

Un courant ayant vu le jour en 1979 : la pleine conscience (communément appelée Mindfulness) pourrait faire partie, selon certains cliniciens, de l’arsenal thérapeutique dans la lutte contre l’obésité.

La pleine conscience est l’aptitude à vivre le moment présent, à profiter pleinement et consciemment de notre environnement et de l’expérience sensorielle dans laquelle nous nous trouvons.

Un exemple de pleine conscience, lorsque nous mangeons, est de se concentrer sur l’aliment que nous ingérons : sa provenance, sa texture, sa couleur, ses saveurs, en empêchant le déplacement de notre attention sur toute autre pensée (les examens qui s’en viennent, le prochain rendez-vous à la banque, les tâches ménagères à faire, etc.).

La capacité de se concentrer sur une seule et unique action et de faire abstraction de toutes pensées superflues ou non en lien avec l’activité pratiquée n’est pas chose facile. Cependant, avec un certain entraînement, cette aptitude de l’esprit peut entraîner de grands bénéfices pour l’individu. Des techniques de pleine conscience ont déjà été utilisées et prouvées comme efficaces dans le traitement du stress, de l’anxiété, de l’abus de substance, et plus récemment dans le traitement de l’hyperphagie boulimique (binge-eating).

Les résultats préliminaires de ces projets pilotes semblent démontrer que la pleine conscience contribue à diminuer ces comportements de « gavage alimentaire » en renforçant l’écoute des signaux internes, dont ceux de la satiété. Cette avenue thérapeutique est intéressante, reste à savoir si cette technique non-conventionnelle pourra réellement être mise en pratique…

Article rédigé par Sophie Kaminski, étudiante en nutrition de l'Université de Montréal, Journal le Feuilleté.

Références

Katterman, S., Kleinman, B., Hood, M., Nackers, L. et Corsica J. (2014). Mindfulness meditation as an intervention for binge eating, emotional eating, and weight loss: A systematic review. Eating Behaviors, (15), 197-204.

Poitras, P. (2014). L’appareil digestif : Des sciences fondamentales à la clinique. Canada : Les Presses de l’Université de Montréal

Statistique Canada. (2014). Overweight and obese adults. Repéré à http://www.statcan.gc.ca/pub/82-625-x/2015001/article/14185-eng.htm

Mantzios, M., Wilson, J.C. (2015). Mindfulness, Eating Behaviours, and Obesity: A Review and Reflection on Current Findings, Psychological Issues (4), 141-146

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