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L’intimidation à l’école : les rôles des parents

20 mars 2018

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D’abord, qu’est-ce que l’intimidation à l’école?

Un élève est victime de violences ou de victimisation lorsqu’il est exposé de manière répétée et à long terme, à des actions négatives de la part de l’un ou plusieurs autres élèves. Ces actions négatives peuvent être décrites comme des préjudices infligés à autrui, de façon intentionnelle […] (Olweus, 1993).

Il est important de faire la différence entre l’intimidation et les simples chicanes entre élèves. Les conflits font partie du développement psycho-social de l’enfant et tendent à se résoudre assez facilement, avec l’aide d’un adulte ou non. Pour parler d’intimidation, l’enfant doit être agressé de manière répétée, souvent par plus d’un élève. Les agressions peuvent être verbales et/ou physiques et sont très diversifiées : insulter, menacer, humilier, harceler, répandre des rumeurs, rejeter, frapper… De nos jours, l’intimidation peut aussi se produire via les médias électroniques, tels que les courriels et les sites de réseaux sociaux. Ce phénomène est connu sous le nom de cyber-intimidation.

En milieu scolaire, les situations d’intimidation touchent davantage les élèves de la fin du primaire et du début du secondaire (entre 10 et 14 ans). Les garçons sont également plus à risque d’être intimidés que les filles.

Qui sont les enfants victimes d’intimidation?

  • Les intimidateurs tendent à cibler les enfants qui sont silencieux (profil renfermé et passif) ou qui se distinguent d’une certaine façon (ex. : ils sont plus grands ou plus petits, ils portent un appareil dentaire, ils ont un surpoids ou un handicap).
  • Les enfants qui sont irritants, agaçants et qui recherchent de l’attention négative de la part de leurs pairs (profil extraverti et provocateur) sont également plus susceptibles de se faire intimider.
  • Les enfants intimidés ont généralement peu ou pas d’amis. Ils ont de la difficulté à se défendre en raison d’un manque de confiance par rapport à leur force et à leurs habiletés physiques.
  • Les enfants victimes d’intimidation sont souvent proches de leurs parents, ces derniers pouvant parfois être surprotecteurs.
  • Les victimes ont souvent honte ou peur de dénoncer l’intimidation à un adulte. Plusieurs d’entre elles pensent que l’adulte ne va pas les aider et que de dénoncer l’intimidateur leur apportera plus de mal.
  • Les victimes ressentent une grande souffrance et ont le sentiment qu’il n’y a pas de solution possible.

Conséquences de l’intimidation

À court terme, l’enfant victime d’intimidation peut se sentir dépressif et s’isoler de ses amis et de sa famille. Ses résultats scolaires peuvent chuter, et l’enfant peut même refuser d’aller à l’école. À long terme, les effets de l’intimidation peuvent interférer avec le développement social, académique et émotionnel de l’enfant. Dans les cas extrêmes, les victimes sont tellement bouleversées qu’elles peuvent devenir suicidaires.

Il peut également être très éprouvant pour un parent de voir que son enfant est victime d’intimidation à l’école. Heureusement, les parents ont un pouvoir d’agir. Plus tôt les situations d’intimidation sont cessées, plus les victimes s’en tirent mieux à long terme.

Comme parent, que pouvez-vous faire pour protéger votre enfant des intimidateurs?

  • Encouragez les relations d’amitié. Les enfants qui n’ont pas d’amis tendent à être plus vulnérables face aux intimidateurs.
  • Enseignez à votre enfant la façon de s’exprimer clairement et respectueusement. Aidez-le à s’exprimer au « je » (ex. : « Je suis fâché, car tu n’arrêtes pas de m’harceler. Arrête! »). Les phrases en « je » reflètent comment les personnes se sentent. Lorsque les enfants savent comment s’exprimer sans offenser les autres, ils tendent à être plus populaires auprès de leurs pairs, ce qui éloignera les intimidateurs.
  • Enseignez le respect de soi. Un enfant ayant confiance en soi n’aura pas tendance à être intimidé.
  • Soulignez à votre enfant l’importance du langage corporel. Enseignez-lui la façon d’avoir un air assuré : relaxer son corps (en respirant profondément), garder ses mains immobiles et regarder les autres dans les yeux. Ces petits trucs aideront l’enfant à avoir l’air assuré, même s’il est inquiet.
  • Commencez à enseigner l’art de la négociation très tôt. Les années préscolaires sont le meilleur moment pour commencer à montrer aux enfants la façon de régler leurs conflits et de résoudre leurs problèmes. Par exemple, si votre enfant se chicane avec un autre enfant pour avoir un jouet, laissez-les discuter ensemble des façons qu’ils pourraient partager le jouet; laissez-les parler de ce qu’ils peuvent faire eux-mêmes pour résoudre le problème.
  • Écoutez attentivement votre enfant et encouragez-le à développer ses habiletés d’écoute. Permettez et encouragez un dialogue ouvert, où chacun peut exprimer son point de vue.
  • Faites un usage approprié de la technologie à la maison. Employez principalement les outils technologiques (ex. ordinateurs, tablettes) pour une utilisation productive (ex. travaux scolaires). Surveiller attentivement et spontanément les recherches et les sites Internet générés par votre enfant.
  • Impliquez-vous à l’école de votre enfant et dans ses activités à l’extérieur de l’école. Votre implication positive pourrait jouer un rôle protecteur.

Comme parent, que pouvez-vous faire si votre enfant est victime d’intimidation?

  • Aidez votre enfant à avoir confiance en soi. Aidez-le à pratiquer quoi dire à ses intimidateurs afin d’être préparé pour la prochaine fois. Montrez-lui à dire aux agresseurs que leurs actions ne seront pas tolérées. Attention : certains intimidateurs se nourrissent des réponses de leur victime. Votre enfant ne doit s’affirmer qu’une seule fois. Si cela ne fonctionne pas, dites à votre enfant de faire autre chose afin de ne pas faire escalader la situation d’intimidation.
  • N’encouragez pas votre enfant à combattre l’intimidateur.
  • Dites à votre enfant que ce n’est pas de sa faute et qu’il a fait la bonne chose de vous faire part de la situation.
  • Encouragez votre enfant à dénoncer la situation d’intimidation à ses enseignants ou à d’autres adultes responsables à l’école, même s’il a peur de le faire. Dites-lui qu’il ne devrait jamais avoir honte de demander de l’aide et que le vrai travail peut commencer seulement lorsque le silence est brisé.
  • Faites un remue-méninge de solutions possibles pour résoudre le conflit et considérez comment chaque solution peut amener un résultat différent. Demandez à votre enfant ce qu’il pense qu’il devrait être fait. Qu’est-ce qu’il a déjà essayé? Qu’est-ce qui a fonctionné et qu’est-ce qui n’a pas fonctionné?
  • Enseignez à votre enfant d’éviter les situations d’intimidation lorsque nécessaire. Par exemple, dites-lui d’éviter les intimidateurs en prenant un autre chemin pour aller ou pour revenir de l’école. Cette approche ne devrait toutefois pas être vue comme une solution à long terme, mais plutôt comme une solution temporaire – c’est une façon d’éviter les dommages immédiats.
  • Considérez l’implication de votre pédiatre si des symptômes physiologiques et/ou psychologiques inexpliqués apparaissent chez votre enfant.

Si votre enfant se retire socialement, devient dépressif ou est réticent à aller à l’école, ou si vous voyez un déclin dans ses résultats scolaires, une consultation et/ou une intervention avec un intervenant scolaire pourrait être de mise. Un professionnel en santé mentale (ex. : psychologue, psychoéducateur, travailleur social, psychiatre) peut vous aider à mettre en place un plan pour cesser les situations d’intimidation. Il est essentiel que tous les adultes travaillent de manière concertée pour que les efforts de tous convergent vers ce même but commun.

Références

Barnett, R. V. (2015). How parents and agents can address bullying with youth. Repéré à : http://edis.ifas.ufl.edu/fy778

Beaumont, C., Leclerc, D. et Frenette, É. (2014). Portrait de la violence dans les écoles du Québec. Retombées sur la pratique et l’opinion publique. Conférence présentée dans le cadre du 5e Congrès biennal du CQJDC, Québec, avril 2014.

Huston, J. et Bailey, S. J. (2008). Children and bullying : a guide for parents. Repéré à : https://www.msuextension.org/health/documents/MT200307HR.pdf

Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec (2014). Mémoire présenté dans le cadre du Forum sur la lutte contre l’intimidation. Repéré à : http://www.ordrepsed.qc.ca/~/media/pdf/Publication/Memoire_l_intimidation.ashx?la=fr

Whitney, I. et Smith, P.K. (1993). A survey of the nature and extent of bullying in junior/middle and secondary schools. Educational Research, 35(1), 3-25.

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Article écrit par Marie-Josée Harbec, psychoéducatrice Catégories présentes: famille| intimidation| tête